Rentrée 2019
Saint-André’s got talent
L’école est-elle exclusivement un espace de formation intellectuelle, de développement de compétences purement cérébrales ? Un lieu d’épanouissement pour les élèves qui apprennent avec facilité, un lieu de souffrance pour ceux qui doivent beaucoup travailler en vue de résultats qu’ils estiment médiocres voire insuffisants ? L’école est-elle ce lieu dont le seul miroir est le fameux bulletin où les professeurs notent les talents et le travail de réflexion, d’étude, de logique, d’écriture ?
Certes, l’école est un lieu d’apprentissage que le bulletin reflète, mais, faut-il le rappeler, l’école ne fait appel principalement qu’à deux formes d’intelligence (logico-mathématique et linguistique) auxquelles on pourrait ajouter le courage et la persévérance de ceux qui s’organisent et s’impliquent dans leur travail scolaire, talents précieux pour réaliser des projets de vie.
Nos formes d’intelligences rassemblées composent cependant une mosaïque de talents qui n’ont pas toujours de scène pour être valorisées et partagées à l’école.
Certes, nous découvrons des talents plus visibles, comme celui de leadership après des élèves qui mènent des projets et prennent des responsabilités dans l’école, d’altruisme, auprès de ceux qui consacrent du temps à aider les plus jeunes ou à partager leurs ressources en classe, de diplomatie chez des élèves délégués de classe, des talents sportifs, des talents oratoires,…
Ces intelligences que les bulletins ne mettent pas en valeur, ces talents qui ne demandent qu’à être partagés, sont le trésor dont nous partons à la chasse cette année !
Pour deux raisons : nous savons qu’aborder le monde de demain avec un seul répertoire de connaissances sera tout à fait invalidant ... Nous devrons essentiellement développer les 4 C comme l’explique Yuval Noah Harari dans 21 leçons pour le XXIe siècle :
« Nous ne savons absolument pas à quoi ressembleront le monde et le marché du travail en 2050, nous ne savons pas vraiment de quelles compétences les gens auront besoin. Nous pourrions consentir de gros efforts pour apprendre aux enfants à écrire en C++ ou à parler chinois, à seule fin de découvrir qu'en 2050 l'IA pourra coder un logiciel bien mieux que des humains et qu'une nouvelle application "translate.google" nous permettra de poursuivre une conversation dans un mandarin, un cantonais ou un hakka presque parfaits alors même que nous savons seulement dire " ni hao ". Que devrions-nous donc enseigner ? De nombreux spécialistes de pédagogie affirment que les écoles devraient passer à l'enseignement des " quatre C " : pensée critique, communication, collaboration, créativité. »
Il nous revient donc de mettre en valeur l’intelligence sociale des élèves, talent hautement précieux dans la vie, d’insister sur l’importance de la collaboration car le monde de demain ne pourrait plus exister autrement et surtout, la créativité : nous vivrons dans un monde où il nous faudra sans cesse trouver des solutions aux problèmes cruciaux posés par le réchauffement climatique, les exodes de populations, les progrès de l’intelligence artificielle etc. Nos élèves actuels devront constamment se confronter au monde qui change de façon exponentielle et agir ou réagir avec ingéniosité, ouverture et créativité aux nouveaux défis qui se présenteront.
Par ailleurs, ce thème voudrait aussi faire la part belle aux talents des élèves qui n’ont pas de vitrine dans un parcours académique comme, par exemple, la musique, la peinture, la cuisine, le bricolage, le jardinage, le sport,…
Mettre en lumière les talents visibles ou enfouis mais aussi inviter les élèves à les partager : c’est le sens de la parabole des talents que nous avons choisie cette année : chacun reçoit des talents et a la responsabilité de les partager, de les faire fructifier. Sinon, à quoi servent-ils puisque nous avons chacun une place à occuper dans ce monde et une valeur, si modeste soit-elle, à y ajouter pour contribuer à son amélioration
Que souhaiter de mieux à nos élèves, à leurs parents et aux professeurs que d’identifier et de cultiver leurs talents, cette part de nous qui « nous met en route » chaque matin et de les partager généreusement !
Anne-Françoise Jans, directrice